3. L'entretien du linge.
La lessive a toujours été l'apanage des femmes. Le lavage du linge de corps et des vêtements de travail a lieu toutes les deux ou trois semaines, plus souvent si l'on a de jeunes enfants. Il s’agit bien souvent d’un simple trempage, avec ou sans savonnage, dans l’eau de la rivière ou de la mare.
Mais deux ou trois fois par an, à la belle saison, c'est la grande lessive, la "grande buée", pour le linge de maison, les gros draps de lin, les chemises de chanvre, les blouses. Les femmes se regroupent car, avant l'invention de la lessiveuse individuelle à champignon, en tôle galvanisée, on utilise un énorme cuvier dans lequel on laisse tremper le linge une journée, avant d'y déposer de la cendre, et de le couvrir d'eau bouillante. Après un temps de brassage et de macération, on peut enfin finir le travail à la rivière, d'où le linge rincé, frotté, battu, ressort en ayant retrouvé sa propreté originelle.
On lave le linge de la famille mais parfois aussi celui des nantis qui peuvent s'offrir la main d'œuvre de lavandières rémunérées. On le devine, c'est un travail ingrat et difficile.
Le lavoir de Caffino
De nombreux lavoirs, sommairement aménagés avec des pierres plates ou quelques planches de bois, jalonnent les cours d'eau. Le linge est mis à sécher sur les buissons à proximité aussi, lorsqu'en 1884, le sieur Douillard demande à acquérir "une coupe de buissons croissant sur le coteau Monnier", le Conseil municipal refuse estimant que "leur suppression causerait un préjudice et une gêne pour les habitants du bourg" qui les utilisent.1
Les municipalités sont tenues d'assurer l'entretien et la sécurité des lavoirs afin de faciliter l'hygiène et de lutter contre les épidémies.
Ainsi, en 18912, après les travaux réalisés pour la construction de l'écluse à Caffineau et aux abords, le Conseil municipal de Château-Thébaud interpelle le Préfet pour demander que le lavoir, qui se trouve dans le port de Caffineau, soit remis dans l'état où il se trouvait avant les travaux. Une première réparation a été effectuée mais "la cale se trouve au-dessus des basses eaux actuelles ce qui rend le lavoir difficile et dangereux".
De nouveau saisi, le Conseil municipal réitère sa demande et propose une alternative originale : "un radeau-lavoir qui pourrait être élevé ou abaissé au moyen de chaînes s'enroulant sur des poulies", ce qui permettrait de rattraper les différences de niveau entre les périodes de grandes eaux et celles de basses eaux.
Mais le préfet refuse cette solution originale qui, selon lui, coûterait plus cher et il diligente la réfection d'un plan incliné classique, comme il l'était à l'origine.
Près du moulin Reuzard (Aigrefeuille),
Le lavoir utilise une partie de la chaussée.
La descente et la remontée du linge mouillé par les coteaux étaient réservées aux hommes tant il fallait pied sûr et bras vigoureux.
Notes bas de page :
1 AD44. Délibérations Château-Thébaud, 8 juin 1884.
2 AD44. Délibérations Château-Thébaud, 19 novembre 1891
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