lun 01 août 22
La Maine demain. III. Réinvestissement économique
Par Françoise Simon à 16:18 - Rubrique : Autres documents - Lien permanent
IV. Réinvestissement économique
L'eau des rivières doit pouvoir aussi apporter à l'ensemble de la population une part non négligeable d'énergie renouvelable.
Extrait du "Livre Blanc sur la continuité écologique, Editions de la Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins" (2017) :
"S’excuser de proposer la destruction des moulins sous prétexte qu’ils ne produisent plus de farine ou encore que les petites installations ne sont pas rentables, c’est oublier un peu vite que la 3e révolution industrielle qui émerge attache autant d’importance à la rentabilité écologique qu’à la rentabilité économique et à la solidarité locale.
L’extraordinaire longévité des turbines, qui en fait l’outil le plus durable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre comme dispositif de chauffage, associé à une production locale d’électricité ou d’hydrogène, surtout en zone rurale profonde, propulsent les moulins dans l’avenir en les transformant en stations-services du futur, parfaitement réparties sur la totalité du territoire français. […]
En plus, grâce à la faculté d’autoépuration, de rétention de l’eau et de refuge, indissociable du seuil1 , les moulins et leurs ouvrages sont les sentinelles écologiques garantes du maintien de la qualité du milieu aquatique, notamment de nos cours d’eau les mieux préservés aujourd’hui. Un potentiel qui justifie le soutien de la nation pour favoriser la remise en activité des moulins et le maintien des seuils, dont la transparence environnementale révélée par des siècles d’existence, n’est plus à prouver. […]"
Les retombées économiques et financières.
Convertir les moulins en petites usines hydrauliques en les réaménageant en usines hydro-électriques écoresponsables sera une source d'emplois extrêmement importante.[…]
En fonction du rapport DAMBRINE qui prévoit l'équipement de 30 000 seuils en France, nous pouvons retenir comme hypothèse l'équipement de 6 000 seuils par an pendant 5 ans. En matière d'emploi, cela se traduit par 25 000 emplois pour l'économie sociale et solidaire, dont 15 000 emplois d'ingénieurs, techniciens et ouvriers hautement qualifiés. En termes de chiffre d'affaires, cette reconversion est estimée à 1,3 milliard d'euros par an pendant 5 ans. A titre de comparaison, le milliard d'euros d’investissement réclamé aux entreprises de gestion des autoroutes ne va entraîner la création que de 5 000 emplois sur une seule et unique année. Pour la transition énergétique en supposant que ces 6 000 moulins ont un potentiel moyen de 36 kW, niveau correspondant à l’appel d’offres actuellement en cours, ils ne fourniront pas moins de 1 TWh dès la 1ère année."2
La prise en compte administrative et financière par l'Etat des petites installations hydroélectriques qui produisent une énergie décarbonée bon marché est donc l'une des pistes à envisager pour une meilleure gestion de l'électricité dans les prochaines années.
Notes bas de page :
1Seuil d'un moulin : L'ONEMA et le CEMAGREF désignent aujourd'hui comme "seuil" tout ouvrage fixe ou mobile (ou fixe et équipé d'une partie mobile) construit dans le lit mineur d'un cours d'eau et qui le barre en partie ou en totalité.
2 Livre blanc sur la continuité écologique. Editions de la Fédération française des Associations de sauvegarde des moulins.