Menu

La Maine autrefois. I. Activités économiques. 7 Le transport de fret

7.    Le transport de fret. Le port de Caffineau.

Les chemins étant impraticables à certaines saisons, les cours d'eau ont été longtemps les principales voies de communication. Les gabarres à fond plat assuraient alors le transport de marchandises sur nos rivières mais il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que des bateaux plus importants puissent y circuler.

C'est d'abord la Sèvre qui devient navigable de Nantes jusqu'au pont de Monnières, à Port-Domino ; puis la Maine, à partir de 1894, jusqu'au port de Caffineau. Mais le développement des transports ferroviaires, plus rapides, porte un premier coup d'arrêt au transport fluvial. Quelques années plus tard, l'amélioration du réseau routier puis l'apparition des camions sonnent le glas des transports commerciaux par voies d'eau.

Les vestiges de quais sont encore visibles ici ou là, au port de la Hautière, au Gué-Joubert, à la cale de la Bidière, à Caffineau où ils s'étiraient sur environ soixante mètres. En direction de Nantes, on transportait le vin et les eaux-de-vie, des denrées alimentaires, du foin, du blé. De Nantes vers le Vignoble, le fret consistait essentiellement en engrais, chaux, matériaux de construction (tuffeau), étoffes, et plus tard, sable de Loire.

Ce sont d'abord des barques à fond plat qui acheminent les marchandises. Peu à peu, elles sont remplacées par des péniches à voiles, puis au XXe siècle, tirées ou poussées par un remorqueur à moteur avant d'acquérir leur propre autonomie.

Le transport de la pierre extraite de la carrière de Caffineau nous servira d'exemple :

L'entreprise Barré, propriétaire de la carrière, possédait trois péniches : "le Grondeur", piloté par le marinier Roger Barreau, "la Bavaria" et son maître à bord, Albert Régent, et "la Vendée" sous la responsabilité de Marcel Thorin. On faisait aussi appel à des entrepreneurs ou à des artisans qui possédaient leurs propres bateaux.

La Maine n'a ni l'ampleur ni la profondeur de ses grandes sœurs, la Sèvre et, a fortiori, la Loire. Néanmoins, en 1903, elle accueille un trafic non négligeable de 45 000 tonnes. Malheureusement, Caffineau en est le terminus en raison de la chaussée et de l'écluse, construite en 1889.

L'entrepreneur BARRE-MAILLOCHEAU, propriétaire de la carrière de Caffineau, dans une lettre adressée au Conseil municipal de Maisdon-sur-Sèvre, le 27 juin 1903, réclame l'allongement de cette écluse : si elle était agrandie de neuf mètres en amont, dit-il, elle permettrait le passage des bateaux de 90 à 100 tonneaux. Selon lui, la navigation est possible jusqu'à Aigrefeuille-sur-Maine, la profondeur étant de 1,20 mètre sur les plus hauts fonds, mais le manque de longueur de l'écluse interdit le passage des gros bateaux en amont.

L'écluse de pont Caffineau (www.delcampe.net)

"Actuellement, continue-t-il, deux ou trois petits bateaux de sable seulement éclusent par mois, trois ou quatre fois". Mais c'est chose impossible pour ses propres péniches. De même, si ces travaux étaient réalisés, "les importations de chaux, pierre blanche, bois, ardoises, en un mot tous les matériaux de construction ainsi que les engrais" pourraient transiter non seulement "vers Aigrefeuille, grand bourg, qui n'est desservi par aucun moyen de transport économique" mais aussi vers les communes limitrophes.

Il insiste sur l'intérêt de tels travaux concernant aussi l'exportation des produits locaux : "ces mêmes bateaux pourraient, comme fret de retour, descendre à bon marché à Nantes ou aux environs du vin, du blé, de la pierre, de la brique, etc" de quoi doubler ou même tripler le trafic.

Mais il n'est pas entendu : le Conseil municipal refuse, n'ayant pas "les ressources nécessaires" à un tel projet, et tant pis pour l'expansion économique que cela aurait pu procurer au vignoble.

M. BARRE-MAILLOCHEAU et ses successeurs devront donc continuer à regarder seulement vers l'aval pour leurs cargaisons de "pavés, moellons bruts et macadam pour les routes." Le réseau fluvial permet, en effet, d'aller livrer au nord de Nantes mais en empruntant un long parcours semé … d'écluses sinon d'embûches.

Une péniche en chargement à la carrière de Caffineau

Un courrier de l'entreprise Ernest BARRE, daté du 22 avril 1938, évoque une commande de pavés du 6 mars, passée par une entreprise de matériaux de construction de Nozay, dont la livraison a pris du retard ce dont s'excuse l'entrepreneur : "Nos bateaux n'ont pas été à Bout de Bois1   depuis [le 6 mars], mais devant reprendre nos fournitures de pierre cassée à Nort-sur-Erdre au début de la semaine prochaine, nous livrerons en passant à Bout de Bois vos pavés."

En fait, pour relier Maisdon à Nort-sur-Erdre, il faut d'abord descendre la Maine jusqu'au château du Coing puis emprunter la Sèvre jusqu'à Pont-Rousseau avant de rejoindre la Loire. La présence des marées et les écluses à passer ont déjà sans doute bien ralenti nos mariniers. La traversée de Nantes est compliquée par la densité du trafic fluvial et, entre 1926 et 1946, par les travaux d'asséchement du bras nord de la Loire. Mais, dès 1938, le nouveau confluent de l'Erdre avec la Loire est terminé. Après être passée dans le tunnel Saint-Félix, la péniche pourra donc rallier le Canal de Nantes à Brest et l'Erdre. L'accès à Nort-sur-Erdre via Héric et "Bout de Bois" est alors direct.

Mais cela reste une belle équipée…

 

Nantes. L'Erdre, vue prise du Pont Morand (www.delcampe.net)

Notes bas de page :

1 Bout de bois : commune d'Eric. 

 

Accéder à l'article suivant : Autrefois / Usages domestiques de la rivière / Les gués

Retourner à la page d'accueil

 

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce billet