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Caffino. Les carriers

III. Les carriers

1. Un travail difficile

   Si les paveurs étaient payés au nombre de pavés réalisés, les carriers, eux, étaient payés au wagonnet. Pas de wagonnet, pas d'argent ! Les wagons de terre étaient moins bien payés que ceux de pierre.

    Il fallait rouler la charge jusqu'au pied du plan incliné qui menait au concasseur, un treuil prenait le relais à partir de la bascule. Le carrier laissait son wagonnet qui était pointé sur un registre et repartait avec un wagon vide.

   L'été sous le soleil, l'hiver sous la pluie. Pas de protections : ni gants, ni cirés, ni chaussures adaptées.

   Les outils pour débiter et charger les wagonnets consistaient en une pelle, une fourche, une pioche, une barre et surtout une masse pour débiter la pierre.

   Quelques femmes ont été employées au concassage à la main jusque dans les années quarante. Elles utilisaient un marteau à long manche souple pour frapper et faire éclater la roche. Elles étaient rémunérées au volume produit.

Les outils du carrier.

2. Des conditions de vie spartiates.

   Il est très difficile de parler personnellement de tous les carriers qui se sont succédé. Leur nombre important, leur passage parfois très court, n'ont pas laissé des souvenirs pour chacun d'eux.
   Cependant nous pouvons évoquer Léon LE TALLEC qui reste dans nos mémoires...

   Léon est arrivé comme ouvrier agricole embauché par la famille BACHELIER au Grand Moulin à Château-Thébaud. Puis son parcours l'a conduit à la carrière de Caffino au pied de la butte.
Il venait d' Hennebont où il avait travaillé dans les forges. Il logeait avec un autre ouvrier venu de Vannes dans une chambre de la maison.

   Le mobilier de la chambre de Léon et d'André se composait de deux lits en fer avec une paillasse, sans draps, d'une table, de deux chaises. Ils rangeaient leurs vêtements dans des valises glissées sous les lits. Pour la préparation des repas, ils disposaient d'une cuisinière réparée avec de l'argile. Pour faire le café, ils répandaient les grains sur la table et les écrasaient avec une bouteille.

   On ne lui connaissait pas de famille alors, pour ses obsèques, une collecte a été organisée auprès de ses camarades de travail et du patron de la carrière. Sa paillasse et ses affaires personnelles ont été brûlées près de la rivière.;;

   Léon LE TALLEC comme beaucoup d'ouvriers portait des "chaussettes russes".

   À l'époque, les carriers portaient de grosses chaussettes de laine tricotées par leurs épouses. Pour ceux qui ne pouvaient pas avoir de telles merveilles, comme les ouvriers célibataires ou étrangers, ils avaient souvent opté pour les chaussettes russes, système peu coûteux, mais efficace.

   Il suffisait d'enrouler d'une certaine manière, autour du pied et de la jambe, une bande de tissu de 35cm par 90cm, issue souvent d'une vieille chemise. Anna L.  d'origine ukrainienne, nous en a fait la démonstration car son père, en 1980, en portait pendant son service militaire en Biélorussie.

"C'est résistant, rapide à laver et à sécher, ça tient chaud, et la même taille de tissu s'adapte à toutes les tailles de pied. Quand la sueur les a mouillées, il suffit d'inverser la bande de toile."

Les chaussettes russes.

Source : Armée Portyanki enveloppements pieds militaires russes (chaussettes)

 

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