dim 14 juin 15
Et si nous parlions de laïcité…
Par Jacques FUSELIER à 15:33 - Rubrique : Vie citoyenne - Lien permanent
Communiqué d'Yves ROUTIER, administrateur de la FAL44 et de l'Amicale Laïque de Château-Thébaud
La laïcité est un concept qui semble tellement familier à tous les Français. Aujourd’hui tout le monde se dit laïque. Mais derrière cet accord apparent, que de divergences, car il n’existe pas de définition de ce concept, ce qui autorise toutes sortes d’interprétations, souvent réductrices, voire contradictoires...
Pour bien comprendre ce que représente la laïcité en France, il est indispensable de la replacer dans son contexte historique.
Apparition et institutionnalisation de la Laïcité
À l’époque, où les lois de laïcité ont été élaborées, il n’existait en France pratiquement que la religion catholique, confondue de tout temps avec le pouvoir politique, exercé au nom de rois de droit divin… donc catholiques. La Révolution française, qui affirmera l’égalité de tous les individus et la liberté de conscience supposait donc la séparation des Eglises et de l’Etat. Mais les mentalités de l’époque n’étaient pas encore prêtes à une conception d’un Etat séparé de tout pouvoir d’obédience religieuse. Le XIXème siècle avec la Restauration, et surtout après les insurrections ouvrières de 1848, verra un regain de la foi et de l’expression catholique, et en réaction l’apparition et le développement d’un mouvement républicain anticlérical. Pour ces partisans d’une République, où les citoyens seraient maîtres de leur destin, la laïcité – bien que le terme n’était à l’époque pas apparu* - était l’outil politique permettant de libérer l’école de l’emprise que l’Eglise faisait peser sur elle, en particulier depuis la loi Falloux adoptée en 1850. l’Eglise catholique, dont il fallait absolument diminuer le pouvoir, sera, dès le début de la 3ème République, l’ennemi absolu des républicains laïques. L’affrontement devint inévitable. On a pu, à cette époque, parler de 2 France. Il faudra attendre encore quelques années, 1905, pour que La loi de Séparation des Eglises et de l’Etat soit proclamée. En garantissant la liberté de conscience et la liberté des cultes, et stipulant que la République ne reconnaissait ni ne salariait aucun culte, cette loi est ressentie comme acte fondateur de la laïcité*. Elle est aujourd’hui encore considérée comme principe fondamental de la République Française. L’expropriation des biens de l’église catholique, dès 1906, entraîna une telle réaction des catholiques que pendant longtemps, pour ces derniers, laïcité et anti-catholicisme étaient synonymes. Un siècle plus tard, cette rupture entre les pouvoirs temporel et spirituel est, il faut le dire, acceptée par la presque totalité de la population française, et la Loi de 1905, initialement traitée de Loi de spoliation, était devenue loi de tolérance. Mais par delà ce fait historique, fondateur de la laïcité institutionnelle, il nous faut revenir au principe fondamental qui définit la notion de laïcité : Il s’agit de la liberté de conscience pour tous, croyants comme non-croyants. Un deuxième aspect, qui doit être associé au précédent, c’est l’égalité des droits entre tous les citoyens, qu’ils soient croyants, agnostiques ou athées. Enfin, un état, qui se proclamerait, comme la France, Etat Laïque, devra reconnaître et garantir l’intérêt général et non pas tel ou tel intérêt particulier. Quel Français ne connaît la devise de la France, que l’on trouve sur la façade de la plupart des bâtiments publics, mairies comme écoles publiques :
Liberté Egalité Fraternité. Il ne saurait y avoir de liberté sans liberté de conscience ! Pas d’égalité, non plus, sans reconnaissance des droits identiques pour tous. Ni de fraternité si l’état est au service de quelques-uns !
Trois principes fondamentaux qui se confondent avec l’expression et les conséquences d’une laïcité, que l’on ne saurait aujourd’hui assimiler à un athéisme** militant, voire avec ce que l’on a pu prendre pour de l’anti-cléricalisme. Ceci explique au passage qu’il est absurde de vouloir adjoindre à la Laïcité tel ou tel qualificatif, afin d’en réduire la portée ou la "moderniser". Pour les mêmes raisons, on ne saurait parler de "laïcité à la française".
La Laïcité est un tout, qui comme la Liberté ne saurait se diviser. L’idéal laïque unit tous les hommes, parce qu’il les élève au-dessus de tout enfermement !
*Les principes même de la laïcité, qui impliquent la liberté de conscience et de croyance religieuse, tels qu’ils apparaissent dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, sont bien antérieurs à l’apparition du terme même de laïcité. On les retrouve à nombre de carrefours de notre histoire. Nous pensons entres autres à l’Edit de Nantes, qui en fut en son temps une approche. **L’athéisme a souvent été présenté comme une religion, celle des "Sans Dieu" – A Theos.