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Conférence débat du mardi 13 octobre 2015 - Bilan

Communiqué d'Annie-Claude RENAUDIN Présidente de l'Amicale Laïque

Une cinquantaine de personnes ont participé à la conférence-débat sur le thème « Comment obtenir la coopération de l’enfant sans être dans un rapport de force », quasiment autant de Château-Thébaud que des communes avoisinantes. L’avis a été unanime : le choix du thème était très intéressant et l’intervenante captivante, à l’écoute et disponible...

La phase de conférence a été suivie très attentivement par le public puis une phase d’échanges très riche a complété cette présentation. Boissons chaudes et gâteaux ont clôturé la soirée.

Etre parent s’apprend petit à petit. Dans une société où tout doit aller vite, il faut laisser le temps au temps … mais surtout laisser à l'enfant le temps pour grandir.

Etre parent, c’est être ingénieux, patient, faire preuve continuellement de créativité. La fonction parentale est en perpétuelle évolution.

Le rapport de force est une phase parfois nécessaire pour certains enfants. Derrière celui-ci, l’enfant vérifie notre capacité à être un parent fiable sur lequel il peut s’appuyer et à qui il peut faire confiance.

Garder en tête que l’enfant se construit par modélisation sur la représentation parentale.

Il est important d’établir une relation claire et la reconnaissance des places de chacun : le parent occupe la "position haute" et l'enfant la "position basse" mais la première n'est pas une position de pouvoir avec gagnant/perdant. Il faut arriver à une relation symétrique c'est-à-dire d'égal à égal, permettant d’obtenir une relation gagnant/gagnant qui ouvre des possibilités de négociation sans transiger sur le cadre.

Quant aux "droits des enfants", il convient de ne pas oublier qu'ils découlent des obligations des parents fixées par la loi.

En complément, voici un texte de Philippe MEIRIEU, pédagogue, qui apporte un élément de réponse au nouveau statut des enfants….

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« Nous vivons, pour la première fois, dans une société où l'immense majorité des enfants qui viennent au monde sont des enfants désirés. Cela entraîne un renversement radical : jadis, la famille "faisait des enfants", aujourd'hui, c'est l'enfant qui fait la famille. En venant combler notre désir, l'enfant a changé de statut et est devenu notre maître : nous ne pouvons rien lui refuser, au risque de devenir de "mauvais parents"...

Ce phénomène a été enrôlé par le libéralisme marchand : la société de consommation met, en effet, à notre disposition une infinité de gadgets que nous n'avons qu'à acheter pour satisfaire les caprices de notre progéniture.

Cette conjonction entre un phénomène démographique et l'émergence du caprice mondialisé, dans une économie qui fait de la pulsion d'achat la matrice du comportement humain, ébranle les configurations traditionnelles du système scolaire.

Pour avoir enseigné récemment en CM2 après une interruption de plusieurs années, je n'ai pas tant été frappé par la baisse du niveau que par l'extraordinaire difficulté à contenir une classe qui s'apparente à une cocotte-minute.

Dans l'ensemble, les élèves ne sont pas violents ou agressifs, mais ils ne tiennent pas en place. Le professeur doit passer son temps à tenter de construire ou de rétablir un cadre structurant. Il est souvent acculé à pratiquer une "pédagogie de garçon de café", courant de l'un à l'autre pour répéter individuellement une consigne pourtant donnée collectivement, calmant les uns, remettant les autres au travail.

Il est vampirisé par une demande permanente d'interlocution individuée. Il s'épuise à faire baisser la tension pour obtenir l'attention. Dans le monde du zapping et de la communication "en temps réel", avec une surenchère permanente des effets qui sollicite la réaction pulsionnelle immédiate, il devient de plus en plus difficile de "faire l'école". Beaucoup de collègues buttent au quotidien sur l'impossibilité de procéder à ce que Gabriel Madinier définissait comme l'expression même de l'intelligence, "l'inversion de la dispersion".

Dès lors que certains parents n'élèvent plus leurs enfants dans le souci du collectif, mais en vue de leur épanouissement personnel, faut-il déplorer que la culture ne soit plus une valeur partagée. »

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